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JOURNAL
DES MINES,
OU
RECUEIL DE MÉMOIRES
sur l’exploitation des Mines, et sur les
Sciences et les Arts, qui s’y rapportent.
Par MM. Coquebert-Montbret, Haüy,
Vauqelin, Baillet, Brochant, Themery

et Collet-Descostils.
Publié par le Conseil des Mines de
l’Empire Français.

PRAIRIAL an XIII. N°. 105.

On s’abonne à Paris, chez Croullebois, Libraire,
rue des Mathurins, n°. 17; et dans les Départemens,
chez les principaux Libraires. On trouve aussi des
quittances d’abonnement, Maison du Conseil des
Mines
, rue de l’Université, n°. 61.

A PARIS,
De l’Imprimerie de Bossange, Masson et Besson,
rue de Tournon, N°. 6.

Réponse de M. de Blumenbach.

[Seite 235]

Gottingue, le 3 septembre 1803.

. . . . . . . Quant à ces petits corps qui se
trouvent dans le bois bituminisé, je les ai
examinés avec le plus grand soin possible,
et je suis convaincu,

1°. Que ce ne sont pas, à la vérité, de
simples graines, mais bien capsulae bivalves
uniloculares
, dans lesquelles se trouve la vraie
semence environnée de sa cuticule.

2°. Que ces substances n’appartiennent à
aucun végétal indigène.

[Seite 236]

3°. Et même vraisemblablement à aucune
espèce actuellement existante.

Au moins je n’ai trouvé aucun original au-
quel j’aie pu les rapporter dans la collection de
graines de notre Musée, ni dans les ouvrages
suivans: Tournefort, Institutiones rei herba-
riae; Parsons, Theatre of seeds;
et Gartner, de
fructibus et seminibus.

Mais d’où vient que ces capsules ne se trou-
vent jamais dans le bois bien conservé, mais
seulement dans celui qui est passé à l’état de
braunkohle (bitumen-spissaxylon brunes-
sens.
Wern.(1)), et même traversé par des
veines de jayet. Cela est vraiment surprenant,
et me paraît encore jusqu’ici un phénomène
problématique: cependant on peut encore
donner quelque explication qui ne serait pas
invraisemblable, si l’on vient à considérer
combien le bois a subi d’altération pour arri-
ver au point où on le trouve, et si on a égard
à la grandeur de la révolution, et à la puis-
sance du procédé chimique de décomposition,
qui ont été nécessaires pour amener ces cou-
ches de bois bituminises dans la position et
l’état où on les trouve.

Le fait dont vous parlez, sous un autre rap-
port, la transmutation de plus de cent mille
cadavres, ensevelis dans un intervalle de quel-
ques siècles au cimetière des Innocens, en
une couche d’une espèce de blanc de ba-
[Seite 237] leine(1), me paraît avoir beaucoup d’analogie
avec celui dont il s’agit ici, mutatis mutandis.
Les morceaux de l’adipocire de ce cimetière
que je possède me font très-aisément conce-
voir la formation des couches de bois bitumi-
nisé et de houille, sur-tout en ayant égard aux
différences qui ont eu lieu dans ces deux es-
pèces
de transmutations: c’est ainsi que le tems
employé à celle des bois a été incomparable-
ment plus long: ces bois ont éprouvé de grands
mouvemens; ils ont été arrachés, renversés,
et peut-être charriés et flottés; depuis que leur
décomposition a commencé, ils ont été soumis
à une pression énorme, etc, circonstances qui
n’ont pas eu lieu au cimetière des Innocens.
S’il m’est impossible de concevoir que ces cap-
sules se soient déposées dans ces morceaux de
bois, je ne puis pas concevoir davantage, lors-
que j’examine leur volume, qu’elles aient éprou-
vé une pression considérable.

Je saisis cette occasion, pour vous prier de
me dire si les bois fossiles de Kalten-Nord’heim
affectent une direction déterminée, et quelle
[Seite 238] est cette direction. Les racines sont-elles tour-
nées vers le Nord-Ouest, et les cines vers le
Sud-Est, ainsi que le dit le vieux Couring; ou
bien toutes les racines sont-elles dirigées vers
le Sud-Ouest, ainsi que le prétend Berol-
ding(1)?

[Seite 437]
Notes
(1).
[Seite 236]

Voyez sa Description dans la Min. de Broch., t. II.
page 47.

(1).
[Seite 237]

Voyez les détails relatifs à ce fait si remarquable,
dans le Rapport sur les exhumations dit cimetière des
Innocens, par M. Thouret. Jour. de Phys.
tome 38.

Les muscles, les chairs, les vaisseaux des cadavres étaient
convertis en une matière graisseuse, blanche, fusible, so-
lide, prenant du brillant par le frottement, assez semblable
au blanc de baleine (sperma ceti). M. Fourcroi, qui a
déterminé la nature de cette substance, lui a donné le nom
d’adipocire: elle résulte de l’altération de presque toutes les
matières animales qui sont plongées dans l’eau. Fourcroi,
Syst. de Con. chim. sect.
8, ord. 2, art. 4, §. 7.

(1).
[Seite 238]

M. Voigt dit, dans une note, que les bois sont en-
tassés, à Kalten-Nordheim, pêle-mêle, dans toutes sortes
de directions: que les gros morceaux que l’on sort de la
mine, et qu’on fend ensuite avec une hache, sont très-sou-
vent formés de deux troncs placés en croix l’un sur l’autre.



Blumenbach, Johann Friedrich. Date:
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